« MILLE ET UN JOURS » Danser l’instant présent, un acte de résistance poétique depuis janvier 201523 octobre 2017
Auteur : Paula GomesSupport : Théâtre Actu
L’annonce de l ‘attentat de Charlie Hebdo le 7 janvier 2015 a ébranlé la population. Comment réagir face à l’indicible, à ce déferlement de violences ? Des repères bouleversés où le monde extérieur soudain se fissure touchant paradoxalement à notre intimité. Certains ont pris leur plume pour réagir, la danseuse et chorégraphe Nadia Vadori-Gauthier a choisi, elle, d’interpréter Une minute de danse par jour , un acte de résistance poétique qu’elle a filmé dans toutes sortes de lieux (rue, transports, cafés, bureaux, écoles, scènes, en voyage…) et partagé chaque jour avec les internautes depuis presque trois ans. Elle se met en scène seule, accompagnée parfois d’amis, d’artistes complices ou de passants ahuris qu’elle entraîne par ses mouvements, créant un espace imaginatif et des moments inattendus. Avec le solo chorégraphique au plateau : Mille et un jours d’une époque, Nadia Vadori-Gauthier nous livre la mémoire de ses mille et une danses achevées le 10 octobre 2017. Instantanés de vie, apparitions, persistances et effacements, son corps est tel un sismographe. Quelques fragments de vidéo de danses s’intègrent à l’histoire. Ce projet performatif est une aventure humaine incroyable pleine de surprises et d’émotions, un engagement puissant sans faille.
Nadia Vadori-Gauthier fait face à la brutalité des événements. Elle interroge au présent notre pouvoir d’agir à travers sa nouvelle création Mille et un jours. L’artiste s’est inspirée dans son travail d’une phrase de Nietzsche : « Et que l’on estime perdue toute journée où l’on n’aura pas dansé au moins une fois » et d’un proverbe chinois : « Goutte à goutte l’eau finit par traverser la pierre ». Les danse quotidiennes d’une minute ou plus sont des « gouttes d’eau » qui s’inscrivent dans une période particulière. Bonnet sur la tête et sans mot, l’artiste est toute à la danse comme au premier jour, elle s’approprie le plateau vide et poursuit l’expérimentation de l’intime au collectif. Mémoires visuelles, auditives, quelques éléments et images nous plongent dans l’imaginaire. L’interprétation est sensible et généreuse, elle cherche à tisser du lien, à toucher en profondeur. Avec Parce que nos os brillent , Nadia Vadori-Gauthier invite la chanteuse Isabelle Duthoit et le chorégraphe Benoît Lachambre à rendre hommage au projet des minutes de danse. Trois étranges créatures investissent l’espace et entrent en résonance au-delà de leur corps physique, portées par le chant exceptionnel d’Isabelle Duthoit. Décalages et humour sont là encore présents pour adoucir la dramaturgie. Cette performance célèbre la vie et la liberté tout simplement. Un film des danses, un livre sortira début 2018, une invitation à explorer son corps à travers la danse, à porter un regard neuf sur soi et le monde qui nous entoure.