Tous les jours, depuis l’attentat contre Charlie Hebdo.21 mai 2021
Auteur : François DelétrazSupport : Le Figaro
La danseuse et chercheuse Nadia Vadori-Gauthier propose en ligne de courts numéros de danse qu’elle filme dans des endroits les plus surprenants. Tous les jours, depuis l’attentat contre Charlie Hebdo.
Quand le 14 janvier 2015, Nadia Vadori-Gauthier s’est décidée à poster «Une minute de danse par jour », on ne voyait là guère plus qu’un de ces épiphénomènes qui alimentent les réseaux sociaux. Et pourtant, 2311 jours et autant de vidéos plus tard, cette « minute » est devenue un objet à part dans le paysage chorégraphique français: un acte à la fois artistique et politique. Pour cela, il a fallu que la chorégraphe, également universitaire, se montre opiniâtre.
Chaque jour, dans un lieu public, se filmant elle-même avec une petite caméra posée sur un trépied, Nadia Vadori-Gauthier a dansé, sans maquillage ni costume particulier. Malade ou non, qu’il pleuve ou qu’il vente. Elle mettait en ligne le résultat le jour même de sa réalisation, sans montage. C’est qu’elle souhaitait que la danse suive le fil des événements qui ont secoué notre pays et notre société. Au lendemain des attentats de Charlie Hebdo, Nadia Vadori Gauthier, sentant une page de notre Histoire se tourner, a été prise du désir d’instiller un peu de poésie et de sensibilité dans un monde qui en manque tant.
« J’ai voulu prendre au pied de la lettre cette phrase de Nietzsche: “et que l’on estime perdue toute journée où l’on n’aura pas dansé au moins une fois”», raconte-t-elle, avec la certitude qu’une « action minime et répétée peut finir par avoir un grand effet ». Ce docteur, dont la recherche porte à la fois sur la conscience du corps en mouvement et sur les rapports entre espace personnel et espace public, prouve ainsi que l’on peut passer de la théorie à la pratique.
Certaines « minutes » sont ainsi devenues virales comme celle du 1er décembre 2018, accomplie au beau milieu d’une manifestation des gilets jaunes, ou encore la numéro 809 du 1er avril 2017, sur un quai de métro, tellement drôle. Ses incursions dans la vie quotidienne ne passent pas inaperçues mais sont en général bien accueillies. Hormis ce jour où elle s’est invitée dans un bar d’un quartier d’affaire dans le 17e arrondissement de Paris… d’où elle a été carrément refoulée. L’irruption de l’art dans un monde policé !
Voici quelques exemples des danses qui ont eu le plus de succès :
À Varengeville-sur-mer, Normandie. La plage du Petit Ailly est à marée basse le 25 décembre 2020
Au musée d’art moderne de la Ville de Paris le 2 décembre 2020