Un projet quotidien de performance de Nadia Vadori-Gauthier

Danser pour conjurer les urgences : « Une minute de danse par jour » devient un livre de Nadia Vadori-Gauthier17 février 2025

Auteur : Christophe Airaud

Support : France Télévisions - Rédaction Culture

Il est des paris artistiques qui changent une vie d’artiste. Nadia Vadori-Gauthier est danseuse, chorégraphe, canadienne et française. À mi-chemin entre art contemporain et danse, elle se livre depuis dix ans à cet exercice exigeant et créatif, « une minute de danse par jour » est proposée sur son blog au public.
En novembre 2015, quand la violence encore une fois frappe sournoise, des terrasses des bistrots mitraillées au Bataclan, lieu de mort, elle danse pendant le glas de Notre-Dame, devant le Carillon, lieu d’un rassemblement en hommage aux victimes, avec une femme musulmane, Imen, pour ne pas amalgamer religion et terrorisme. Inlassablement, chaque jour, elle danse et poste son message.

Elle écrit : « Il y a tant d’urgence. L’urgence des attentats, l’urgence climatique, l’urgence sanitaire (…), il semble que l’histoire se précipite. » C’est un acte de résistance, poétique et quotidien.

La lecture de cet ouvrage est un parcours dans les dix ans que notre pays et notre monde a vécu. Mais c’est aussi un journal intime de la danseuse. Un des chapitres se nomme « Adoucir les blessures » : c’est le message de ces milliers d’épisodes de la série. Elle déclarait sur France musique(Nouvelle fenêtre) au début janvier 2025 : « Chaque minute dansée est volée au temps qui passe. »

De l’Ehpad au musée, de la rue aux chantiers ou aux couloirs du métro, le corps de Nadia traverse la cité et accompagne les habitants. Une cage d’escalier ou sa salle de bain deviennent sa scène. Parfois une montagne, une fête foraine, une forêt sont les décors de ces mini-performances. Et des complices anonymes, badauds ou danseurs se mêlent de temps en temps à ces minutes de danses-poèmes.

L’impact ? Un rituel fait de joie, de sourires, d’énergie et de colère pour celle et celui qui regarde, pour le lecteur, une traversée du monde de Nadia Vadori-Gauthier. Et pour en dire la raison, elle emprunte joliment ce proverbe chinois : « Goutte à goutte, l’eau finit par traverser la pierre. »

Les minutes de danse par jour sont à retrouver ici sur le site de Nadia Vadori-Gauthier(Nouvelle fenêtre).

Une minute de danse par jour – 2015-2025 – Dix ans d’une œuvre pour notre temps, Les Presses du Réel, 304 pages, 30 euros

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