Sélection livre : la virgule chorégraphique de Nadia Vadori-Gauthier13 March 2018
Author : Rosita BoisseauMedium : Le Monde
Le livre de la danseuse et chercheuse en art, qui s’est assignée depuis 2015 à une minute de danse par jour, interroge ce geste micropolitique et poétique.
Danser une minute chaque jour dans n’importe quel lieu et en toutes saisons pendant mille et un jours consécutifs est le pari affolant tenu par la danseuse et chorégraphe Nadia Vadori-Gauthier. Depuis le 14 janvier 2015, cette performeuse, également chercheuse au sein du Corps collectif, laboratoire artistique et groupe de performance, s’est jetée au milieu de la foule, aux pieds des CRS, dans les rues, les gares et les jardins, sous une fontaine ou dans une piscine, la nuit, le jour, pour y exécuter sa Minute de danse par jour. Filmée, cette virgule chorégraphique était postée dans la foulée, quasiment sans montage, sur Vimeo, Tumblr et le compte Facebook de la chorégraphe.
L’idée s’impose à elle au lendemain de l’attentat contre Charlie Hebdo. Nadia Vadori-Gauthier décide de s’assigner « une action quotidienne, petite mais réelle et répétée, qui œuvre pour une poésie en acte, en [se] mettant réellement en jeu, seule ou en relation à d’autres », comme elle le relate dans le livre Danser, résister, conçu sous sa direction. Avec cette performance qui table sur le hasard et la rencontre, qu’il s’agisse d’un handicapé sur son fauteuil, d’un joggeur ou d’une personne âgée dans sa maison de retraite, Nadia Vadori-Gauthier fait de la danse l’étincelle d’un moment magique.
La danseuse évoque la part d’absurdité téméraire et clownesque de ces minutes de danse
Dans le livre, largement illustré de photos de ces minutes égrenées pendant près de trois ans, elle a rassemblé un panel d’analyses et de témoignages de chercheurs et universitaires comme Eric Bonnet, Roland Huesca ou Flore Garcin-Marrou, qui prolongent, en les questionnant, ses actions poétiques et politiques. Avec Marie-Luce Liberge, la danseuse évoque la part d’absurdité téméraire et clownesque de ces minutes de danse, tandis qu’en complicité avec Barbara Glowczewski, spécialiste des Aborigènes, la performeuse pointe la visibilité et l’invisibilité de ses intrusions inopinées dans un environnement urbain. « Je ne cherche pas la performance, ne veux pas me soumettre au spectaculaire, ajoute-t-elle. Je désire juste me glisser dans les interstices du banal pour faire sourdre un peu de poésie. Je me sens un peu comme un sismographe dans un environnement dont je capte les échos. »
L’idée s’impose à elle au lendemain de l’attentat contre Charlie Hebdo. Nadia Vadori-Gauthier décide de s’assigner « une action quotidienne, petite mais réelle et répétée, qui œuvre pour une poésie en acte, en [se] mettant réellement en jeu, seule ou en relation à d’autres », comme elle le relate dans le livre Danser, résister, conçu sous sa direction. Avec cette performance qui table sur le hasard et la rencontre, qu’il s’agisse d’un handicapé sur son fauteuil, d’un joggeur ou d’une personne âgée dans sa maison de retraite, Nadia Vadori-Gauthier fait de la danse l’étincelle d’un moment magique.
Dans le livre, largement illustré de photos de ces minutes égrenées pendant près de trois ans, elle a rassemblé un panel d’analyses et de témoignages de chercheurs et universitaires comme Eric Bonnet, Roland Huesca ou Flore Garcin-Marrou, qui prolongent, en les questionnant, ses actions poétiques et politiques. Avec Marie-Luce Liberge, la danseuse évoque la part d’absurdité téméraire et clownesque de ces minutes de danse, tandis qu’en complicité avec Barbara Glowczewski, spécialiste des Aborigènes, la performeuse pointe la visibilité et l’invisibilité de ses intrusions inopinées dans un environnement urbain. « Je ne cherche pas la performance, ne veux pas me soumettre au spectaculaire, ajoute-t-elle. Je désire juste me glisser dans les interstices du banal pour faire sourdre un peu de poésie. Je me sens un peu comme un sismographe dans un environnement dont je capte les échos. »