Danse 769 - 20 février 2017
Eau et Pluie Paris 10 20 février 2017 – danse 769 20 février 2017 – danse 769 15h16, quai de Valmy, Canal Saint-Martin, Paris 10e. Il est 14h30, je pars su sud de Paris pour aller dans le nord de la ville. Comme j’ai rendez-vous et que je travaille ensuite jusqu’à minuit, je me dis qu’il faut que je danse sur le trajet, mais où ? Comme la plupart du temps, je n’ai aucune idée de ce que je vais bien pouvoir faire. J’ai vraiment cette sensation quasi quotidienne (parce qu’il y a des jours où j’ai des rendez-vous de danse) d’avoir un vide sous les pieds, comme un espace ouvert devant moi, sans la moindre idée de ce que sera la danse du jour. Je m’engage sur le périphérique et je regarde défiler les immeubles gris dans un ciel gris, laiteux, sans lumière. Lorsque je sors à la porte de Bercy pour prendre les quais, ce n’est pas plus engageant, tout est toujours aussi terne. Et pourtant je sais bien qu’il va falloir danser. Il y a des affiches électorales, des panneaux publicitaires, des déchets, un caddie cassé. Rien ne me donne envie de m’arrêter. Sur une affiche, un type arbore le slogan « Toute l’âme de la France ». Il y en a vraiment qui ne doutent de rien 🙂 Je pourrais bien m’arrêter au bord de l’eau, mais je l’ai fait tant de fois… et puis cette météo ne m’y engage pas particulièrement. Je pense à ce texte de Colette, qui s’intitule « Jour gris » (dans Les Vrilles de la vigne) et qui commence par « Laisse-moi, je suis malade et méchante, comme la mer ». Je ris, je me dis qu’aujourd’hui, je ne suis ni malade ni méchante, mais que ce sera bien la danse d’un jour gris. Peut-être que je pourrais trouver un endroit moche. Mais ce n’est pas évident non plus à trouver, même s’il y a plein d’endroits moches, il en faudrait un qui soit moche d’une certaine façon qui rende la danse possible. Je m’engage sur le boulevard de la Bastille. Rien. Rien ne me parle. Rien. C’est presque drôle. Je prends le boulevard Richard Lenoir, où j’ai déjà dansé plusieurs fois. Qu’est-ce que je peux bien faire ? Le créneau se resserre : j’ai rendez-vous dans une heure et je mets au moins 3 heures à faire et à mettre en ligne une minute de danse. Equation impossible. Il y a bien quelques manèges, mais je ne suis pas d’humeur « manèges ». Il y a un beau terrain vague entre le boulevard et Saint-Ambroise, mais il est entièrement ceinturé de hautes grilles. J’arrive au bord du canal. J’ai souvent dansé ici, alors je ne sais pas trop quoi faire. Il n’y a nulle part où se garer, je redescends le canal en sens inverse. Ce n’est pas gagné, mais je vais danser. Danser dans les interstices de chaque jour. Chaque jour***