Danse 511 - 7 juin 2016
17h13, Paris 16e. Je viens de danser en public aux pieds du Shiva Nataraja (Tamil Nadu XIe siècle), dans le cadre de « l’Émotion à l’œuvre », Médiations artistiques entre les publics et les collections muséales Inde/Cambodge/Chine/Japon, en partenariat avec le Labex-arts-H2H et le MNAAG – Musée National des Arts Asiatiques Guimet. Maintenant, tout le monde est parti et je refais une danse.
Extrait de : Du mouvant (2014), ma thèse de doctorat :
» Une figure a pris une place particulière dans mes recherches, c’est le dieu dansant Nataraja. Il y a de nombreuses raisons à cela, et la première est sa relation au rythme, à la vibration, au vide, à la danse et à la création. (…) J’y vois la personnification de la pulsation de la matière et du rythme primordial, principe de création. Ce danseur cosmique, roi de la danse, est l’une des formes de Siva. Sa danse de béatitude, Anandatandava, n’a ni commencement ni fin. Lorsque Nataraja danse, il frappe rythmiquement son Damaru (tambourin) en émettant le son primordial. Il fait vibrer Sakti, l’énergie motrice de manifestation et prâna, réalité à la fois spirituelle et matérielle qu’on peut traduire par énergie, souffle, vibration ou vie. Sakti est la consort de Siva, dont le nom vient de shi, sommeil, le virtuel, celui qui dort.(…) Leur union, à la base du Tantra, est unité, volupté, c’est la réalité elle-même. Leur séparation est une fiction, une abstraction comme l’est celle du corps et de l’esprit. (…) Cette union de la conscience ( Siva) et de l’énergie motrice de transformation ( Sakti) engendre l’univers dans une danse extatique, rythmique. Leur danse est celle de Ardhanarivara, synthèse des énergies masculines et féminines (…) Issue d’une énergie androgyne originelle, elle est à la naissance de toutes choses. Cette alternance du genre, qui se fait et se défait dans la danse de Nataraja est le signe une fluidité qui investit des devenirs et qui fait alliance avec des mondes. (…) Nataraja impulse au cosmos une pulsation rythmique, un battement universel. Sa danse est celle du réel en mouvement perpétuel. (…)
Mais cette danse rythmique est avant tout vibratoire. (…) C’est une danse de la matière subatomique. Cette caractéristique moléculaire, vibratoire, qui inclut la nature oscillatoire de la matière m’intéresse particulièrement dans le travail perceptif que je mène. La perception molécularisée épouse le vide, le mouvement, et au sein de ce champ, se laisse traverser de différences intensives qui vont générer des formes. «