Danse 2551 - 7 janvier 2022
15h40, Paris 7e.
Le 7 janvier 2015, le choc de l’attentat à Charlie Hebdo et ceux des jours qui ont suivi, faisait basculer nos modes d’existence. Nous sommes entrés alors dans un régime d’état d’urgence que, d’urgence en urgence, nous n’avons pas quitté depuis. En 7 années, nous avons changé de monde, par glissements successifs ou points de bascule. Les raisons qui, le soir du 7 janvier 2015, m’ont engagée à investir l’infime degré d’action dont je me sente capable face à cette folie meurtrière, restent toujours vivantes aujourd’hui. Je voulais répondre alors, par une sensibilité interstitielle face à cette violence inouïe, danser plutôt que de restée pétrifiée, sortir avec les autres plutôt que de me terrer, faire passer la vie plutôt que la mort. J’avais une nécessité vitale d’affirmer l’importance de la liberté d’expression, du partage des sensibilités par l’art, de la beauté des différences. Devant l’extrême gravité des événements, toute tentative de réponse paraissait dérisoire, j’ai tout de même tenté d’exprimer ma solidarité, à ma façon, en dansant, en engageant mon corps dans la dureté de la ville. J’essayais de tisser quelque chose, invitant une porosité, des alliances sensibles, cherchant le regard des passants sous la pluie de l’hiver. Je ne savais pas vraiment ce que je faisais, simplement il fallait que je le fasse.
« Je suis Charlie« . Les gens se sont massivement, alors, ralliés à ce cri par un élan du cœur, une solidarité envers les victimes, et pour défendre des valeurs qui fondent les sociétés démocratiques. L’usage de ces mots a été parfois critiqué depuis, pour diverses raisons. Mais je peux dire aujourd’hui, après 7 ans de danses quotidiennes, sans qu’aucun jour ne manque : Je suis toujours Charlie.