21 h 23, Petite ceinture, Paris 13e. Je me promène dans le quartier à la recherche d’un endroit pour danser. Depuis six semaines que je suis blessée au pied, je dois faire attention. Je fais une première danse dans une cour d’immeuble. Au détour d’une allée,  je découvre qu’un tronçon de la voie ferrée a été réouvert au public. Le jour commence à descendre et le bleu des fleurs qui pousse sur les rails retient mon attention. Sur le côté, trois adolescents discutent et un homme joue de la guitare. Lorsque je commence à danser ils se taisent. L’homme continue de jouer. Je danse trois fois, la guitare m’accompagne. Lorsque je pars, je ne leur dis rien, je suis d’humeur silencieuse, je les salue d’un petit signe de tête. Alors que je suis à l’entrée du parc, l’homme à la guitare me rejoint. Il parle d’une voix très calme et amicale, il a un accent. Il dit : « Ce que vous avez fait c’est complètement génial ». Je le remercie et lui dis que j’étais bien accompagnée au son de sa guitare. Il répond que la danse dans ce lieu, avec les immeubles et tout ça, c’est incroyable. Je lui montre quelques secondes de rushes et j’explique que je fais ça tous les jours depuis plus de quatre ans. Je ne suis pas sûre qu’il comprenne ce que je dis. Je lui demande son prénom : Zadak, répond t-il, c’est un pseudo.

La Petite Ceinture, construite de 1852 à 1869 et désaffectée de 1934 à 1985, a été entièrement conservée dans le 13e arr. Ce tronçon est accessible depuis 2016.