Danse 2322 - 23 mai 2021
17h11, Gentilly.
Chaque jour sans exception depuis janvier 2015, soit depuis exactement 2322 jours consécutifs j’active le maximum de puissance propre dont je me sente capable à un instant donné, pour la « minute de danse du jour », aussi infime, voire quasi inexistante cette puissance puisse être . Il s’agit de danser dans les interstices du jour, avec un corps réel, non spectaculaire, pour que le jour vaille, qu’il se couple du corps, que le corps soit traversé du monde et que le monde s’imprime dans le corps. Temps de l’instant porté à incandescence, temps de la vie qui passe, de la mémoire qui s’active ou s’efface, du futur qui brille et tangue. C’es un duo avec le monde, les autres, la météo … une relation qui invente la suite, qui me fait toujours autre, défaite, traversée de vous, de nous, de l’époque. Sur la bordure de la chute, de l’arrêt, emportée par le temps…. je continue pourtant ; pour nous, pour je ne sais quoi d’éphémère ou d’invisible, pour le vide qui vibre et murmure que la poésie de l’éphémère est un instant gagné sur la folie de ces temps. C’est une question d’éthique et de vie dédiée à la danse, à la vie et à la Terre : Il faut que l’intériorité se couple de l’extériorité ; que toutes deux soient corrélatives et solidaires. Nous avons besoin de sororité, de fraternité, avec les humains mais aussi avec les autres règnes. Je danse pour le vide qui brille et qui tremble. Je danse pour le jour. Je danse pour tout ce que nous ne disons pas de nous, pour nos tendresses et la peau douce, pour nos rêves de la nuit et nos élans du jour. Je danse à perte. Et cette perte se transmute pour moi en un cristal arraché au néant. C’est infime, interstitiel. Et pour moi c’est tout.
Merci de vos présences qui me donnent du courage. Merci de vos danses, de vos messages et de vos beautés. Je marche sur un fil.
Je porte le pull que m’a offert Margaux.
Derrière moi, les dessins d’Isabelle.